Victor Hugo Fullscreen Les Miserables 2 (1862)

Pause

During those hours of waiting, what did they do?

We must needs tell, since this is a matter of history.

While the men made bullets and the women lint, while a large saucepan of melted brass and lead, destined to the bullet-mould smoked over a glowing brazier, while the sentinels watched, weapon in hand, on the barricade, while Enjolras, whom it was impossible to divert, kept an eye on the sentinels, Combeferre, Courfeyrac, Jean Prouvaire, Feuilly, Bossuet, Joly, Bahorel, and some others, sought each other out and united as in the most peaceful days of their conversations in their student life, and, in one corner of this wine-shop which had been converted into a casement, a couple of paces distant from the redoubt which they had built, with their carbines loaded and primed resting against the backs of their chairs, these fine young fellows, so close to a supreme hour, began to recite love verses.

What verses?

These:—

Vous rappelez-vous notre douce vie,

Lorsque nous etions si jeunes tous deux,

Et que nous n’avions au c?ur d’autre envie

Que d‘etre bien mis et d‘etre amoureux,

Lorsqu’en ajoutant votre age a mon age,

Nous ne comptions pas a deux quarante ans,

Et que, dans notre humble et petit menage,

Tout, meme l’hiver, nous etait printemps? Beaux jours!

Manuel etait fier et sage,

Paris s’asseyait a de saints banquets,

Foy lancait la foudre, et votre corsage

Avait une epingle ou je me piquais.

Tout vous contemplait. Avocat sans causes,

Quand je vous menais au Prado diner,

Vous etiez jolie au point que les roses

Me faisaient l’effet de se retourner.

Je les entendais dire: Est elle belle!

Comme elle sent bon!

Quels cheveux a flots!

Sous son mantelet elle cache une aile,

Son bonnet charmant est a peine eclos.

J’errais avec toi, pressant ton bras souple.

Les passants croyaient que l’amour charme

Avait marie, dans notre heureux couple,

Le doux mois d’avril au beau mois de mai.

Nous vivions caches, contents, porte close,

Devorant l’amour, bon fruit defendu,

Ma bouche n’avait pas dit une chose

Que deja ton c?ur avait repondu.

La Sorbonne etait l’endroit bucolique

Ou je t’adorais du soir au matin.

C’est ainsi qu’une ame amoureuse applique

La carte du Tendre au pays Latin. O place Maubert!

O place Dauphine!

Quand, dans le taudis frais et printanier,

Tu tirais ton bas sur ta jambe fine,

Je voyais un astre au fond du grenier.

J’ai fort lu Platon, mais rien ne m’en reste;

Mieux que Malebranche et que Lamennais,

Tu me demontrais la bonte celeste

Avec une fleur que tu me donnais.

Je t’obeissais, tu m‘etais soumise;

O grenier dore! te lacer! te voir

Aller et venir des l’aube en chemise,

Mirant ton jeune front a ton vieux miroir.